mardi 3 février 2015

Aller vers un nouveau modèle de commerces ruraux : un impératif



À Saint-Julien-Labrousse, tout le monde connaît Robert Bancel, ancien maire, correspondant de l’Hebdo de l’Ardèche, il est aussi le gérant de la petite épicerie dans le bourg. Du haut de ses 82 ans, « bientôt 83 », il est fidèle au poste. Il a repris ce magasin en 1987, en parallèle à son activité de producteur de fruit, au décès de sa mère, qui l’avait créé en 1934 avec son père. « À l’époque, au milieu des années trente, il y avait quatre épiceries comme ça, assure-t-il. Le dimanche matin ma mère prenait quelqu’un pour l’aider. Aujourd’hui, il n’y a pas assez de passage pour que je sois ouvert tout le temps, alors je reste chez moi et j’ouvre sur demande ». L’exode rural, le développement des voitures individuelles et l’installation de la grande distribution ont eu raison des autres commerces, mais pas de celui de Robert Bancel. Lire la suite..

 



Vitale pour les personnes âgées

Si la petite épicerie dépanne en cas d’oubli, sa clientèle se compose surtout de personnes âgées, « ils ne peuvent pas descendre au Cheylard faire les courses alors ils viennent me voir. Ils trouvent tout ce qu’il faut ici : des pâtes, des fruits, des œufs mais aussi du shampoing, des produits d’entretien et même des bas ! Ils viennent aussi pour discuter, ça change de la télé. » Une fermeture de l’épicerie serait sans doute mal vécue par cette population, « ils me disent : « si tu arrêtes on devra partir en maison de retraite », explique l’épicier. Mais bon, je ne peux pas continuer indéfiniment et puis, avec le temps j’ai de moins en moins de clients ! » Car Robert Bancel ne se fait pas d’illusion, personne ne viendra lui racheter son petit commerce. « Des fois, je vends pour 20 euros par jour… Ça fait pas beaucoup comme marge, hein ! Ce n’est pas rentable, il faudrait faire beaucoup plus pour intéresser un repreneur. Alors, je commence à faire baisser le stock et quand j’aurais plus rien, j’arrêterai. »


La survie des épiceries passe par les services

À Dornas, Colette et Jean Gauthier tiennent également une petite épicerie indépendante. Et pour faire en sorte que leur commerce soit rentable, ils multiplient les services. « Outre l’épicerie, nous vendons du pain, du tabac, du gaz, des produits frais et la presse », décrit Jean. Sur proposition de la municipalité de Mariac, ils y ont également ouvert une petite épicerie. Et chaque vendredi, Jean prend le volant de son camion et visite les hameaux des communes alentours. Le service de proximité n’est ici pas un vain mot. « C’est sans doute vital pour un petit village, estime Colette. La population est contente qu’on soit là, c’est un lieu de vie, de rencontre. On a aussi la chance d’être sur une route passante, notamment l’été. Les touristes s’arrêtent souvent et ils nous disent apprécier trouver un commerce à taille humaine. Ils sont d’ailleurs souvent surpris de voir que l’on est ouvert toute l’année. »


Un métier passionnant mais prenant

Arrivés de la Drôme il y a 28 ans, Colette et Jean Gauthier sont passionnés par leur métier même s’ils aimeraient aujourd’hui passer la main. « C’est très appréciable d’être totalement indépendants, note Jean. Pour faire ce travail, ici, il faut aimer le contact humain mais il ne faut pas compter ses heures. Il y a beaucoup de travail, mais il y a aussi du potentiel. On ne va pas se lancer maintenant dans de nouvelles améliorations, mais un éventuel repreneur trouverait à faire, sans un gros investissement, c’est certain. » Et de citer pêle-mêle, la création d’un espace restauration ou encore la possibilité d’un service postal.


Faire revivre les villages

C’est d’ailleurs exactement ce type de commerce multiservices qu’envisage de mettre en place la municipalité des Nonières. « C’est un projet que l’on a depuis 7 ans, confirme le maire, Raymond Fayard. Nous avons travaillé avec la chambre de commerce et le site de proximité des Boutières pour définir les contours de cette structure et surtout faire en sorte qu’elle soit viable. Avant, il y avait un bar et à côté une épicerie, mais ils étaient trop spécifiques et ne faisaient pas un chiffre d’affaires suffisant d’où l’idée d’un multiservice. » Outre l’épicerie, un point presse et postal, mais aussi un espace restaurant et surtout un gîte d’étape pourraient s’intégrer au projet. « Les touristes sont une vraie cible en plus de la population locale, reprend le maire. Car Les Nonières se trouvent sur un axe très passant entre Lamastre et le Cheylard. »

Ce projet pourrait permettre de donner un nouvel élan à la commune. « C’est très attendu par les habitants, estime Raymond Fayard. D’ailleurs, la participation à l’enquête publique a été importante. Notre village a une école avec deux classes mais ce n’est pas suffisant pour fixer la population sur place. Les gens ont besoin de points de rencontre, de lieux de sociabilisation. »

Si le chantier a pris du retard, il devrait pouvoir débuter à l’automne 2013 et le commerce pourrait ouvrir ses portes au printemps suivant. Pour la gérance du site, la mairie a reçu une trentaine de candidature. Preuve que, même à la campagne, il est possible d’ouvrir des épiceries de proximité, à condition aussi, de savoir multiplier les services à la population.


Nicolas Lemonnier


Article provenant du site: http://www.hebdo-ardeche.fr/blog/2013/03/12/les-epiceries-tirent-la-langue/

1 commentaire:

  1. Les solutions sont là. Y'a plus qu'à les mettre en musique.
    C'est ce à quoi nous travaillons avec l'équipe Booste ton Village.
    N'hésitez pas à nous faire part de vos idées

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